Mali
Plus de 107 civils ont été tués ces derniers mois au Mali dans des attaques menées par l'armée malienne et des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique, a déclaré Human Rights Watch mardi.
Parmi les civils tués depuis décembre 2021, les soldats maliens sont responsables d'au moins 71 des décès, a indiqué l'organisation internationale de défense des droits. L'armée malienne a contesté une partie du rapport, tout en ajoutant qu'elle enquêtait sur un certain nombre d'attaques et d'allégations.
L'armée a été accusée d'abus contre les civils dans le sud-ouest et le centre du Mali, alors que les soldats tentent d'endiguer la violence des combattants djihadistes qui organisent des attaques depuis près de dix ans. "Les victimes, pour la plupart exécutées sommairement, comprennent des commerçants, des chefs de village, des chefs religieux et des enfants", indique l'organisation dans son rapport.
Les extrémistes sont responsables de la mort d'au moins 36 civils depuis décembre, selon le rapport."Il y a eu un pic dramatique dans le nombre de civils, y compris des suspects, tués par l'armée malienne et les groupes islamistes armés", déclare Corinne Dufka, directrice du Sahel à Human Rights Watch. "Ce mépris total pour la vie humaine, qui inclut des crimes de guerre apparents, devrait faire l'objet d'une enquête et ceux qui sont trouvés impliqués, être punis de manière appropriée."
Opération militaire
Depuis la crise malienne en 2012, les civils continuent de payer le prix de la guerre, avec plus de 320 000 personnes déplacées, selon HRW. Des centaines de civils ont été tués, les extrémistes, les rebelles, les milices ethniques et les forces de sécurité étant impliqués, selon l'organisation. La plupart des meurtres ont eu lieu dans le centre du Mali, l'épicentre du conflit depuis 2015, a-t-elle précisé.Les djihadistes ont également ciblé et tué des centaines de membres des forces de sécurité.
Un pic de violence intervient alors que l'armée française a commencé à retirer ses troupes du Mali. Beaucoup craignent que les djihadistes puissent désormais regagner du territoire alors que la France continue de retirer ses soldats au cours des cinq prochains mois.
La France est intervenue pour la première fois en 2013, à la tête d'une opération militaire visant à chasser les djihadistes du pouvoir dans les villes du nord du Mali. Mais depuis, ces militants ont mené de nombreuses attaques contre l'armée malienne et les forces de maintien de la paix de l'ONU.
Ce rapport sur les droits de l'homme est publié alors que la Mauritanie voisine accuse l'armée malienne d'abus récurrents contre ses civils en territoire malien. Le ministère mauritanien des Affaires étrangères a également convoqué l'ambassadeur du Mali. Dimanche, le procureur du tribunal militaire de Bamako a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les allégations de la Mauritanie.
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